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Les langues de la Bible

puceAu commencement était l'hébreu...

       

Si vous prenez, aujourd'hui, une Bible en hébreu, et que vous l'ouvrez pour lire le premier verset du livre de la Genèse, c'est à dire le premier verset de toute la Bible, vous trouverez un texte qui ressemble à :
 
 

Gn 1 texte massorétique
Gn 1,1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre

 

Eh oui, c'est de l'hébreu, mais une forme d'hébreu finalement assez moderne. A l'origine, l'hébreu est une langue consonantique. Pas de panique ! Ce mot un peu compliqué signifie simplement que c'est une langue qui ne comporte que des consonnes. Le texte s'écrivait donc :

Gn 1 texte consonnatique

Quelle différence ? Si vous observez bien, vous voyez que beaucoup de petits signes au-dessus ou au-dessous des lettres ont disparu. Il ne reste que les consonnes, qui forment la base de l'écriture carrée (ainsi appelée parce que chaque lettre semble se dessiner sur les pourtours d'un carré).

Écrire uniquement les consonnes présente quelques difficultés. Tout d'abord, il faut que le lecteur connaisse la prononciation de chaque mot par coeur. Ensuite, il arrive parfois qu'un même jeu de consonnes puisse recevoir des voyelles différentes et donc puisse prendre un sens différent...
 
 

Comme la Bible est un texte sacré, il est apparu nécessaire d'en fixer définitivement la prononciation, et donc le sens. Ce travail a été effectué par de savants rabbins que l'on appelle les Massorètes (du mot hébreu massore qui signifie "tradition"). Ce travail ne s'est pas fait en un jour, ni par une seule équipe ! Plusieurs systèmes de codification des voyelles sont entrés en concurrence, et c'est finalement celui de l'école de Ben Asher qui s'est imposé. Plutôt que de créer de nouvelles lettres et de les ajouter à l'alphabet hébreu, les Massorètes ont opté pour l'ajout de signes au-dessus et au-dessous de la ligne des consonnes.

lampe Le coin du spécialiste...

Puisqu'à l'origine, le texte ne comportait pas de voyelles, il faut toujours se demander si la prononciation qu'ont fixé les Massorètes est la seule possible. Les spécialistes de la Bible ont inventorié de nombreux passages dont le sens peut être assez différent si on adopte une autre prononciation. Il ne faut pas oublier que le travail des Massorètes s'est achevé vers le huitième siècle après Jésus-Christ, c'est à dire bien plus d'un millénaire après que les textes aient été rédigés en écriture consonantique. 

        Le travail des massorètes a abouti à la formation d'un texte hébreu que l'on appelle désormais (sans surprise !)

Le texte massorétique (TM)

puceL'araméen, ou l'influence de l'Exil

       

L'exil à Babylone (-587 à -538) a profondément marqué le judaïsme. De nombreux livres de la Bible ont été rédigés ou remaniés au cours de l'exil. L'influence babylonienne a été telle que leur langue, l'araméen, est devenue la langue parlée dans tout l'Ancien Orient.

L'araméen est une langue sémitique assez proche de l'hébreu. On utilise le même alphabet pour l'écrire et sa grammaire possède de nombreuses affinités avec celle de l'hébreu. On ne trouve que peu de textes rédigés en araméens dans la Bible : quelques chapitres de Daniel (2,4-7,28) et Esdras (4,8-6,18), ainsi qu'un verset de la Genèse (31,47) et du livre de Jérémie (10,11). Il s'agit pour l'essentiel de livres rédigés après le retour d'exil.

Même si peu de textes sont rédigés en araméen, l'influence de cette langue est sensible dans de nombreux textes rédigés en hébreux, mais qui adoptent des termes ou des tournures de la langue araméenne. On parle alors d'aramaïsmes au sein du texte hébreu.

Par contre, comme de nombreux Juifs ne parlaient plus que difficilement (ou pas du tout) l'hébreu au retour d'exil, il a fallu traduire en araméen le texte hébreu de la Bible. L'opération se faisait d'abord de manière strictement orale. Lors de la lecture publique du texte hébreu, un traducteur (le metourgman) donnait aussitôt à voix haute la traduction araméenne du passage. Ultérieurement, cette traduction a été mise par écrit. Ces traductions sont connues sous le nom de targum.
 

puceEt vint le grec...

       

En conquérant tout l'Ancien Orient, Alexandre le Grand n'a pas réalisé qu'un opération militaire. Il a massivement exporté avec lui la culture grecque, notamment en fondant des "villes nouvelles". Une des plus célèbres sera la cité d'Alexandrie en Égypte. Cette ville sera peuplée de nombreux Juifs qui vont se retrouver ainsi profondément immergés dans cette culture hellénistique.

Les Juifs d'Alexandrie sont confrontés à un double problème. D'une part, un bon nombre d'entre d'eux ne parlent plus que le grec, la langue des rois et de l'administration qui gouverne alors l'Égypte. D'autre part, ils désireraient se faire reconnaître comme membres à part entière de la cité grecque. Pour cela, il faut que l'administration puisse connaître les "lois" qui régissent cette communauté. Or les fonctionnaires d'Alexandrie ne lisent que le grec et la "loi" des Juifs, c'est à dire les cinq premiers livres de la Bible, ne sont rédigés qu'en hébreu... Il y a donc un problème !
 
 

Mais à ce problème, il existe une solution : la traduction! Les communauté juive d'Alexandrie va donc entre prendre, au milieu du troisième siècle avant Jésus-Christ, une vaste opération de traduction de la Bible. Les cinq premiers livres (la Loi) vont être traduits en priorité. Le reste de la Bible suivra, mais il faudra plus d'un siècle pour que l'opération soir menée à bien. Cette entreprise de traduction mobilisera de nombreux traducteurs de style et de compétence variés.
L'ensemble de la traduction sera connue sous le nom de

Septante (LXX)

 

En fait, il ne s'agit pas que d'une traduction. De nouveaux livres vont être ajoutés à la collection, certains d'entre d'eux n'étant pas la traduction d'un original grec, mais bien des ouvrages directement rédigés en grec. La Septante contient donc plus de livres que la Bible hébraïque.

D'où vient ce nom de Septante ?

"Septante", cela veut simplement dire 70. En fait, ce nom vient d'un texte (la lettre d'Aristée) qui raconte (bien après l'événement, cela va sans dire...) comment se serait opéré cette traduction. Pour ce faire, on aurait fait venir de Jérusalem 70 savants connaissant aussi bien l'hébreu que le grec. On aurait ensuite enfermé ces savants qui auraient, après 70 jours, rendu strictement la même copie, attestant ainsi de la parfaite qualité de la traduction.
Même si cette histoire garde un aspect légendaire, elle va donner son nom à la traduction, celle des soixante-dix.

puceEt le latin ?

       

Eh bien non, le latin n'est pas une langue biblique. Aucun livre de la Bible n'a été rédigé primitivement en latin. Tout le Nouveau Testament est écrit en grec. Par contre, lorsque le grec sera abandonné au profit du latin, la Bible sera traduite en langue latine afin que tous puissent y avoir accès. La traduction latine la plus célèbre est celle de St. Jérôme appelée la Vulgate.


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