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Les manuscrits de la Bible
Des copies de copies... Il faut bien se faire une raison, nous ne possédons aucun original de quelque texte biblique que ce soit. Aucun manuscrit autographe (de la main même de l'auteur) n'a survécu aux rigueurs du temps. Tout ce que nous possédons, ce sont des copies de copies de copies... de ces manuscrits originaux disparus. ...mais sans photocopieuses! Notre époque nous a habitué à la copie sans problèmes et surtout sans erreurs. Quoi de plus facile que de photocopier un document (si toutefois la machine est dans un bon jour...) et point besoin de relire les copies. On est sûr qu'elles seront identiques à l'original. Même chose avec la copie de documents informatiques. Une disquette ou un CD se dupliquent à l'identique en quelques minutes. Mais les scribes d'autrefois ne disposaient pas de ces accessoires. Pour reproduire un document, pas d'autre solution que de le faire à la main, un oeil sur le modèle, un oeil sur sa copie... Pas de problèmes lorsqu'il ne s'agit que de quelques lignes, mais tout un livre de plusieurs centaines ou milliers de pages... |
Des supports fragiles A l'époque de la rédaction et surtout de la copie des livres de la Bible, le support quasi-indestructible de l'Ancien Orient, à savoir les tablettes d'argile, n'est plus utilisé. Deux supports les ont remplacés:
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et donc l'émergence d'une science obligatoire: la critique textuelle!
La critique textuelle consiste (simplement!) à inventorier les manuscrits dont on dispose et à repérer les différences entre eux. A partir de cet inventaire, elle essaye de reconstituer le texte le plus probable à l'origine de ces variantes. En pratique, nos traductions de la Bible ne sont pas la traduction d'un unique manuscrit, mais d'un texte reconstitué à partir de plusieurs manuscrits.
Le texte hébreu
Jusqu'en 1947, le manuscrit complet de l'Ancien Testament dont on disposait datait de 950 (le manuscrit d'Alep), mais, comble de malchance, il a brûlé et n'a été que difficilement restauré. En pratique, pendant très longtemps, toutes les éditions de la Bible hébraïque se sont basés sur un magnifique manuscrit complet de 1008 qui, pour les spécialistes, porte le nom de Léningrad B 19a. Mais une question demeurait: ce manuscrit si récent (plus de 1500 ans après les principales rédactions des livres de l'Ancien Testament) était-il un témoin fidèle du passé ?
Et vint Qumrân En 1947, parti à la recherche d'une chèvre égarée (ou d'emplacements archéologiques à piller suivant la version de l'histoire à laquelle on se réfère), un Bédouin découvre dans une grotte près du site archéologique de Qumrân une série de vases en argiles remplis de manuscrits. C'est le début d'une série de fantastiques découvertes. Des campagnes de fouilles vont découvrir 11 grottes contenant:
Le plus célèbre d'entre-eux est un rouleau pratiquement complet très bien conservé du livre d'Isaïe. Ce manuscrit est exposé au musée du livre à Jérusalem. |
Les habitants de Qumrân: Les fouilles du site de Qumrân ont permis d'identifier avec un fort indice de probabilité (cette thèse étant toujours contestée par quelques chercheurs) les occupants de ces bâtiments. Il s'agit d'une composante du judaïsme, les Esséniens, dont on connaissait déjà l'existence par des auteurs de l'antiquité, mais que l'on avait jamais pu localiser jusqu'alors. Les Esséniens apparaissent, d'après leurs propres écrits retrouvés en grand nombre à Qumrân, comme une composante très traditionnaliste du judaïsme. Ils se sont séparés du judaïsme officiel de Jérusalem pour s'installer sur les bords de la Mer Morte, afin d'y reconstituer une communauté de Justes. Ils y ont vécu du milieu du deuxième siècle avant Jésus-Christ jusqu'en 68. C'est l'intervention romaine en Palestine qui mit fin tragiquement à leur communauté et qui, probablement, les amena à mettre à l'abri leurs biens les plus précieux, leurs manuscrits... Il est possible que les habitants de Qumrân soient des Esséniens "atypiques", peut-être en délicatesse envers d'autres groupes localisés à Jérusalem. |
La Septante et le Nouveau Testament
Les deux sont liés, car ce sont les chrétiens qui ont conservé le texte de la Septante en l'adoptant comme leur Ancien Testament. On dispose d'une multitude de manuscrits du Nouveau Testament, dont voici les plus importants:
Nom | Code | Langue | Contenu | Date |
Chester-Beatty | P45-46-47 | Grec | NT | 3ème siècle |
Bodmer | P73-74 | Grec | Mt (frag) | ? |
P66 | Grec | Jn | Vers 200 | |
P72 | Grec | 1-2P Jude | 4ème siècle | |
P75 | Grec | Luc-Jean | Début 3ème s. | |
P74 | Grec | Actes | 7ème siècle | |
Sinaïticus | S 01 | Grec | NT - AT | 4ème siècle |
Alexandrinus | A 02 | Grec | NT-AT-Clément de Rome | 5ème siècle |
Vaticanus | B 03 | Grec | AT-NT (manque début et fin) | 4ème siècle |
Ephraemi | C 04 | Grec | frag AT 2/3 NT | 5ème siècle (palimpseste du 12ème) |
Codex de Bèze | D 05 | Grec + Latin | Ev Actes 3Jn | 4ème 5ème siècle |
Claromontanus | D 06 | Grec + Latin | St Paul | 6ème siècle |
Codex de Freer | W 032 | Grec | Ev | 5ème siècle |
Codex Koridethi | 038 | Grec | Ev | 9ème siècle |
Bobbiensis | 1,k | Latin (It) | frag Marc | 4ème 5ème siècle |
Palatinus | 2,e | Latin (It) | Ev | 4ème 5ème siècle |
Vercellensis | 3,a | Latin (It) | Ev | 4ème siècle |
Amiatinus | A | Latin | Vulgate | 8ème siècle |
Cureton | syc | Syriaque | Ev | 5ème siècle |
Smith Lewis | sys | Syriaque | Ev | fin 4ème siècle |
Peshitta | syp | Syriaque | Ev Paul | 12 mss 5ème 6ème siècle |
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