ACCUEIL - Histoire - La montée en puissance de l'Assyrie

La montée en puissance de l'Assyrie
et la fin du royaume de Samarie

Les rois assyriens - La désintégration du royaume du Nord
La guerre syro-éphraïmite - La chute de Samarie
L'expédition de Sennachérib contre Jérusalem

 

puce L'irrésistible ascension des Assyriens 745

 
  

En 745 commence le règne de Téglat Phalasar III qui va être un des plus grands rois assyriens. Sous son règne, l’Assyrie va abandonner ses incursions militaires au profit de vastes opérations de conquêtes territoriales et devenir en quelques années la puissance dominante de l’Ancien Orient. La conquête assyrienne va s'étendre vers les royaumes de l'ouest avec un schéma assez constant.
Dans un premier temps, l’Assyrie contraint les petits royaumes à devenir ses vassaux, notamment en payant une forte somme d'argent en guise de tribut. Cela dure généralement un certain temps avant que cette pression devienne intolérable pour le pays en question qui se révolte. C’est le prétexte qu’attend l’Assyrie pour intervenir par la force et amputer le royaume en question d’une partie de son territoire et de placer un roi à ses ordres dans l’autre. Si cela ne suffit pas, tout le pays est envahi et les Assyriens procèdent à l’opération de déportation.
 

lunettes Les principaux rois assyriens

    • Salmanasar III (858-824)
    • Chamchi-Adad V (823-810)
    • Adad-Nirari III (809-782)
    • Salmanasar IV (780-772)
    • Achour-Dan III (771-754)
    • Adad-Nirari IV (753-746)
    • Téglat Phalasar III (745-737)
    • Salmanasar V (726-722)
    • Sargon II (721-705)
    • Sennachérib (704-681)
    • Asarhaddon (680-669)
    • Assourbanipal (668-626)

Le grand souci de l’Assyrie, en effet, est d’assurer la cohésion d’un empire dont la taille croit régulièrement et qui englobe de nombreux peuples hétérogènes et souvent ennemis les uns des autres. La solution trouvée par les Assyriens est simple: le brassage des populations à grande échelle afin d’éviter la persistance de foyers d’agitation nationaliste. Les populations sont donc déplacées de territoires en territoires, manu militari. On échange contrée avec contrée, les déportés venant prendre possession des terres et des villes d’autres déportés. On n’hésite pas à mélanger les peuples afin que les déportés perdent peu à peu leur identité nationale et adoptent comme modèle culturel les valeurs assyriennes.

Les Assyriens vont se tailler une réputation hélas méritée de conquérants impitoyables, procédant à des massacres ou des mutilations sur une échelle jusqu'alors jamais atteinte.

La progression des Assyriens

puce La désintégration du royaume du Nord

 
   

Dans le royaume du nord, les choses vont mal. Après le long règne de Jéroboam se succèdent rapidement quatre rois. Le fils de Jéroboam, Zacharie, ne règne que six mois et est victime d’un coup d’état:
2R 15 8 En la trente-huitième année d'Ozias, roi de Juda, Zacharie fils de Jéroboam devint roi sur Israël à Samarie, pour six mois.  9 Il fit ce qui déplaît à Yahvé, comme avaient fait ses pères, il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël.  10 Shallum fils de Yabesh fit une conspiration contre lui, il le frappa à mort à Yibleam et devint roi à sa place.
C’est donc la fin de la dynastie de Jéhu: quatre générations de rois, voila le maximum que semble pouvoir offrir le royaume de Nord, friand de renversements politiques. Cette chute de Zacharie marque en fait le début de la fin. Shalloum ne va pas tenir plus d’un mois avant d’être à son tour renversé:
2R 15 13 Shallum fils de Yabesh devint roi en la trente-neuvième année d'Ozias, roi de Juda, et régna un mois à Samarie.  14 Menahem fils de Gadi monta de Tirça, entra à Samarie, y frappa à mort Shallum fils de Yabesh et devint roi à sa place.

lunettes Les derniers rois de Samarie

  • Jéroboam II (783-743)
  • Zacharie (743)
  • Shallum (743)
  • Menahem (743-738)
  • Peqahya (738-737)
  • Péqah (737-732)
  • Osée (732-721)

   

Ce Menahem va être un triste sire. Il commence son règne par un massacre: 2R 15 16 C'est alors que Menahem châtia Tappuah - tuant tous ceux qui y étaient - et son territoire en partant de Tirça, parce qu'on ne lui avait pas ouvert les portes ; il châtia la ville et éventra toutes les femmes enceintes.

Damas et Samarie vont essayer de mettre en place une coalition anti-assyrienne et de convaincre Juda d’en faire partie, sans succès. Téglat Phalasar III va commencer sa campagne de conquête vers l’ouest et Menahem va se soumettre:
2R 15 19 Pul, roi d'Assyrie, envahit le pays. Menahem donna à Pul mille talents d'argent pour qu'il le soutînt et qu'il affermît le pouvoir royal entre ses mains.  20 Menahem préleva cette somme sur Israël, sur tous les notables, pour la donner au roi d'Assyrie, à raison de 50 sicles d'argent par tête. Alors le roi d'Assyrie s'en retourna et ne resta pas là, dans le pays.
   

Pul est le nom que prend Téglat Phalasar III après sa victoire contre Babylone en 729. Moyennant finances, Menahem peut rester sur le trône de Samarie pendant une dizaine d’années. Son fils, Peqayah, peut même lui succéder normalement. Mais son règne va être de courte durée et un nouveau coup d’état va le renverser:
2R 15 25 Son écuyer Péqah fils de Remalyahu complota contre lui et le frappa à Samarie, dans le donjon du palais royal... Il y avait avec lui 50 hommes de Galaad. Il fit mourir le roi et régna à sa place.
 

puce La guerre de la coalition syro-éphraïmite 735

   

Péqah va alors songer à se rebeller contre l'Assyrie. Il va pour cela faire alliance avec Damas. Les deux royaumes vont former le noyau d’une nouvelle coalition anti-assyrienne, en principe soutenue par l’Egypte, l’autre grande puissance de l’époque, quoique fortement sur le déclin.

Mais il est impossible d’engager des opérations militaires vers l’Assyrie sans s’assurer de ses arrières. C’est pourquoi, avant de dégarnir ses frontières sud, la coalition demande-t-elle à Juda d’entrer dans son groupe. Le roi de Juda est depuis 736 le jeune roi Achaz (20 ans). Conseillé par ses proches, dont Isaïe probablement, Achaz refuse d’entrer dans la coalition. Cela ne fait pas l’affaire des conjurés qui décident alors, avant de combattre plus avant l’Assyrie, de s’assurer de leur tranquillité en déposant le roi de Juda et en y mettant un roi à leurs ordres. C’est le début de la guerre de la coalition syro-éphraïmite en 735.

Raçon le roi de Damas et Peqah le roi d’Israël unissent donc leurs forces pour marcher contre Jérusalem:
2R 16 5 C'est alors que Raçôn, roi d'Aram, et Péqah fils de Remalyahu, roi d'Israël, partirent en guerre contre Jérusalem, ils l'assiégèrent mais ils ne purent pas la réduire.
    Le livre des Chroniques donne plus de détails sur la première phase de l’opération militaire qui voit la déroute de Juda:
2Ch 28 5 Yahvé son Dieu le livra aux mains du roi des Araméens. Ceux-ci le battirent et lui enlevèrent de nombreux captifs qu'ils emmenèrent à Damas. Il fut livré aussi aux mains du roi d'Israël, qui lui infligea une lourde défaite.  6 Péqah, fils de Remalyahu, tua en un seul jour 120.000 hommes en Juda, tous vaillants, pour avoir abandonné Yahvé, le Dieu de leurs pères.  7 Zikri, héros éphraïmite, tua Maaséyahu, fils du roi, Azriqam, chef du palais, et Elqana, le lieutenant du roi.  8 Les Israélites firent à leurs frères 200.000 prisonniers, femmes, fils et filles; ils razzièrent de plus un important butin et emmenèrent le tout à Samarie.

    Après cette cuisante défaite, Achaz n’a d’autre choix que de se retrancher dans Jérusalem et la ville est assiégée. Achaz est vite désespéré devant une situation qui lui parait sans issue tant les forces sont disproportionnées. C’est probablement à cette occasion qu’il procède en désespoir de cause au sacrifice de son fils aîné:
2R 16 3 Il imita la conduite des rois d'Israël, et même il fit passer son fils par le feu, selon les coutumes abominables des nations que Yahvé avait chassées devant les Israélites.

    De plus, les anciens vassaux de Juda, profitant de sa faiblesse se révoltent. Malgré les conseils d’Isaïe , Achaz décide d’appeler à l’aide de Téglat Phalasar III. Pour cela, il lui offre le tribut et devient donc son vassal:
2R 16 7 "Alors Achaz envoya des messagers à Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie, pour lui dire : «Je suis ton serviteur et ton fils ! Viens me délivrer des mains du roi d'Aram et du roi d'Israël, qui se sont levés contre moi.»  8 Achaz prit l'argent et l'or qu'on trouva dans le Temple de Yahvé et dans les trésors du palais royal et envoya le tout en présent au roi d'Assyrie.  9 Le roi d'Assyrie l'exauça, il monta contre Damas et s'en empara ; il déporta les habitants à Qir et fit mourir Raçôn.

Achaz est sauvé du péril le plus immédiat, mais, comme Isaïe l’avait prévu, ceci est le prélude à un péril encore plus redoutable. En effet, en invitant le roi assyrien, Achaz a éveillé sa convoitise, et de vassal, il ne va pas tarder à se retrouver esclave, contraint de verser en tribut tous les trésors de Juda, allant pour cela jusqu’à piller le Temple. Le roi Achaz va devenir, du fait de l’influence assyrienne sans cesse croissante, un ardent promoteur de l’idolâtrie. Ceci est dans la logique de l’époque: le roi soumis se doit d’adopter les dieux de son suzerain.
 

puce La fin de Samarie 722

Le deuxième temps de la riposte assyrienne va être un complot pour éliminer Péqah et mettre à sa place Osée:
2R 15 30 Osée fils d'Ela ourdit un complot contre Péqah fils de Remalyahu, il le frappa à mort et devint roi à sa place.

Osée (à ne pas confondre avec le prophète du même nom) va profiter des troubles suscités par la mort de  Téglat Phalasar III en 727 pour essayer de retrouver son indépendance. Mais le nouveau roi assyrien, son fils Salmanasar, va réagir. Il monte contre Samarie et réclame le tribut. Osée tente alors de former une nouvelle coalition, cette fois avec l’Egypte.

La réaction de l’Assyrie ne se fera pas attendre: arrestation du roi, prise de la capitale et déportation de la population:
2R 17 1 En la douzième année d'Achaz, roi de Juda, Osée fils d'Ela devint roi sur Israël à Samarie ; il régna neuf ans.  2 Il fit ce qui déplaît à Yahvé, non pas pourtant comme les rois d'Israël ses prédécesseurs.  3 Salmanasar, roi d'Assyrie, monta contre Osée, qui se soumit à lui et lui paya tribut.  4 Mais le roi d'Assyrie découvrit qu'Osée le trahissait : celui-ci avait envoyé des messagers à Saïs, vers le roi d'Egypte, et il n'avait pas livré le tribut au roi d'Assyrie, comme chaque année. Alors le roi d'Assyrie le fit mettre en prison, chargé de chaînes.  5 Le roi d'Assyrie envahit tout le pays et vint assiéger Samarie, pendant trois ans.  6 En la neuvième année d'Osée, le roi d'Assyrie prit Samarie et déporta les Israélites en Assyrie. Il les établit à Halah et sur le Habor, fleuve de Gozân, et dans les villes des Mèdes.
    C'en est fini du grand royaume de Samarie qui devient dès lors une province assyrienne en partie peuplée d'étrangers.
 

puce Le règne d'Ezéchias 716

   

En 718 ou 716 (incertitude sur la date de la venue au règne d’Ezéchias), Ezéchias prend le pouvoir en Juda et change radicalement de politique. Son père avait prôné la soumission inconditionnelle à l’Assyrie dans le domaine politique et religieux. Cette soumission avait entraîné diverses réticences puis résistances dans le pays. Par ailleurs, la chute de Samarie avait permis l’établissement d’un gouverneur assyrien aux frontières même de Juda. La situation d’Ezéchias a son entrée en fonction est dont particulièrement périlleuse. Sargon, le successeur de Salmanasar, en prend à son aise avec les royaumes vassaux et leur cause souvent d’important dommages. Ezéchias va rapidement prendre conscience, aidé en cela par les prophètes Isaïe et Michée, que le salut ne pouvait venir d’une alliance avec un si terrible suzerain.

Ezéchias va donc changer de politique, mais avec prudence. Le temps n’est pas venu d’une rébellion ouverte contre l’Assyrie. Il va mettre en place une politique de réformes en commençant par le domaine religieux.

Le jugement que porte le livre des Rois sur Ezéchias est extrêmement favorable:
2R 18 3 Il fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant tout ce qu'avait fait David, son ancêtre.  4 C'est lui qui supprima les hauts lieux, brisa les stèles, coupa les pieux sacrés et mit en pièces le serpent d'airain que Moïse avait fabriqué. Jusqu'à ce temps-là, en effet, les Israélites lui offraient des sacrifices ; on l'appelait Nehushtân.  5 C'est en Yahvé, Dieu d'Israël, qu'il mit sa confiance. Après lui, aucun roi de Juda ne lui fut comparable ; et pas plus avant lui.

    On voit donc par où commence sa réforme. Il s’agit de faire disparaître les lieux de culte périphériques, sensés être dédiés à Yahvé, mais servant en fait de support à l’idolâtrie. La campagne de purification touche également le Temple avec la destruction du serpent de bronze qui datait de l’époque de l’Exode. Cet objet avait perdu complètement sa signification première (Nb 21,8-9). Il était devenu ni plus ni moins une idole à qui on rendait un culte, avec en plus l’alibi du fait que le Serpent avait été façonné sur ordre de Dieu! On voit donc, avec Ezéchias, se mettre en place avec un certain succès l’entreprise de centralisation du culte. Les autels extérieurs à Jérusalem sont progressivement détruits et le culte du Temple, seul légitime, est purifié.

Dans le même temps, Ezéchias va se montrer extrêmement accueillant aux réfugiés venant du Nord et va les incorporer à l’appareil administratif et cultuel de Juda. La fin de Samarie est l’occasion, quoique tragique, d’entreprendre une réelle réunification des royaumes, même si pour l’heure cette réunification se limite au regroupement des victimes de Samarie.

    Comme Ezéchias est toujours un vassal des Assyriens, il jouit d’une certaine liberté de manoeuvre en ex-Israël, et il en profite pour étendre sa politique d’éviction des lieux de culte périphériques:
2Ch 31 1 Quand tout cela fut terminé, tous les Israélites qui se trouvaient là allèrent dans les villes de Juda briser les stèles, couper les pieux sacrés, saccager les hauts lieux et les autels pour en débarrasser entièrement tout Juda, Benjamin, Ephraïm et Manassé. Puis tous les Israélites retournèrent dans leurs villes, chacun dans son patrimoine.

L’arrivée des réfugiés à Jérusalem, notamment du clergé des sanctuaires du Nord, va permettre aux scribes du Temple de recueillir un grand nombre de récits, de traditions, de textes législatifs. C’est sous ce roi que beaucoup d’éditions sont entreprises pour intégrer ces nouvelles données aux documents déjà élaborés dans le Sud. De nombreux textes portent encore bien visible ce travail rédactionnel.

    Ezéchias s’active également dans le domaine militaire et prépare discrètement sa rébellion. Il fait fortifier Jérusalem et renforce l’ancienne muraille:
2Ch 32 5 Ezéchias se fortifia: il fit maçonner toutes les brèches de la muraille qu'il surmonta de tours et pourvut d'un second mur à l'extérieur, répara le Millo de la Cité de David, et fabriqua quantité d'armes de jet et de boucliers.

Le gros problème de Jérusalem en cas de siège est le ravitaillement en eau, car il n’y a pas de sources dans l’enceinte des murailles. La plus proche est la source de Gihon dans la vallée du Kédron. Ezéchias va trouver une solution à ce problème en faisant forer un tunnel souterrain pour aller capter l’eau de la source et la ramener à l’intérieur des murs:
2Ch 32 30 C'est Ezéchias qui obstrua l'issue supérieure des eaux du Gihôn et les dirigea vers le bas de la Cité de David, à l'ouest. Ezéchias réussit dans toutes ses entreprises. Les fouilles archéologiques de 1880 ont remis en état le tunnel et on y a trouvé une inscription datée de la construction du tunnel et rédigée par les ingénieurs pour laisser un mémorial de leur travail.
 

puce La révolte de Juda et la contre-attaque assyrienne 705-701

   

Pendant ce temps, des événement importants se déroulaient sur les frontières de Juda. Après leur victoire sur les Philistins, les Assyriens avaient placé un homme à eux sur le trône d’Ashdod. Ce roi vassal est assassiné par le parti anti-assyrien soutenu par l’Egypte. Le nouveau roi d’Ashdod, Yamani, fort du soutien de l’Egypte, reprend l’ancienne idée d’une ligue anti-assyrienne des petits royaumes de la région. Ezéchias y voit là une occasion d’inaugurer sa révolte ouverte contre l’Assyrie, mais Isaïe son conseiller s’y oppose de toutes ses forces. Tiraillé entre les deux, Ezéchias ne va pas entrer ouvertement dans la ligue, mais il va l’aider activement sur le plan financier. La ligue aura une brève durée de vie. Sargon envoie son généralissime (le tartan) rétablir la situation et Ashdod est détruite en 711. Ezéchias n’est pas attaqué par les troupes assyriennes, mais son attitude amicale envers la ligue lui fait perdre la confiance de Ninive. C’est probablement grâce au versement d’un important tribut qu’Ezéchias évite la catastrophe.

    En 705, Sargon meurt et Sennachérib lui succède. Comme à chaque changement de monarque, des troubles éclatent sur les frontières de l’empire, chacun pensant que le nouveau roi ne sera pas à la hauteur de son prédécesseur et ne saura pas rétablir le calme. Sennachérib doit surtout faire face aux menée de l’ennemi le plus dangereux, le babylonien Mérodak-Baladan.

Quelques années après, le temps est mûr pour la révolte. Mérodak-Baladan a bien assuré son pouvoir à Babylone et menace toujours les Assyriens. La tentative de ligue à l’initiative des Philistins est cette fois menée à bien et on obtient une forte coalition du Liban à la Philistie. Le roi de Sidon Luli est avec Ezéchias le chef de cette ligue anti-assyrienne.

    La réaction assyrienne ne va pas tarder. En 702, Sennachérib chasse Mérodak-Baladan de Babylone. Libéré sur le front oriental, il peut tourner ses forces vers l’occident. L’attaque est une véritable guerre éclair, car Sennachérib désire rapidement atteindre le contact avec son véritable ennemi, le roi d’Egypte. Les villes vont tomber les unes après les autres, en commençant par Sidon, dont le roi doit fuir à Chypre. Seules Jérusalem et quelques villes tiennent face à la marée assyrienne. Les Egyptiens envoient bien un contingent, mais il est battu à plate couture (bataille d’Elteqeh).

Sennachérib en personne vient diriger le siège des dernières places fortes. Il assiège et renverse Lakish et Libna où il installe son QG. Il ne reste alors plus que Jérusalem qui échappe encore à son autorité. Les villes de Juda sont détruites et ravagées alors qu’Ezéchias est assiégé et impuissant, bloqué à Jérusalem. Le royaume de Juda est distribué aux rois voisins qui ont été mis sur leur trône par l’Assyrie.

    Sur le siège de Jérusalem et la manière dont il se termina, nous avons trois sources de renseignements:
- le texte du livre des Rois
- le texte d’Isaïe, qui lui est très proche
- les textes officiels assyriens

    Tous sont d’accord sur le contexte de révolte et sur l’intervention assyrienne qui conduit au siège de Jérusalem. Ensuite, le ton est sensiblement différent.
 

Quand à Ezéchias de Juda qui ne s’était pas soumis à mon joug, j’assiégeais 46 de ses villes fortifiées et entourées de murs, et les petites villes des environs, sans nombre, a moyen de l’assaut sur des ponts et de l’attaque par des machines de guerre, au moyen des combats de fantassins, au moyen de brèches, de sapes, de bouleversements, et je les conquis... je l’enfermai lui-même (Ezéchias) comme un oiseau en cage dans Jérusalem sa résidence. J’élevais des bastions contre lui, et à quiconque sortait de ses portes je fis payer son méfait. Les villes que j’avais dépouillées, je les détachais de son territoire et je les donnais à Mitinti, roi d’Ashdod, à Padi, roi d’Acaron, à SilBel, roi de Gaza et ainsi je diminuai son territoire... Quant à lui, Ezéchias, la splendeur de ma majesté le renversa et il fit livrer à ma suite les Urbi et les soldats d’élite que pour défendre sa résidence à Jérusalem il avait introduit et pris comme troupes auxiliaires, en même temps que 30 talents d’or, 800 talents d’argent... et pour livrer son tribut et me rendre hommage il envoya ses messagers. (Cylindre de Taylor, un document assyrien)

   

On a ici un texte classique du style officiel des comptes-rendus de victoire. Selon le texte assyrien, Ezéchias ne s’en tire qu’en versant un fort tribut et en reconnaissant la souveraineté de l’Assyrie. Le texte ne parle pas d’Ezéchias comme des autres rois de la région: il n’est pas démis de sa royauté, exilé ou emmené captif. Cela est significatif: si Ezéchias avait été vaincu comme Luli ou les autres rois de la ligue, il aurait été cité en tant que tel.

    Le texte du livre des Rois reprend ces informations, les complète aussi, mais leur donne également une autre orientation.
2R 18 13 En la quatorzième année du roi Ezéchias, Sennachérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara.  14 "Alors Ezéchias, roi de Juda, envoya ce message au roi d'Assyrie, à Lakish : «J'ai mal agi ! Détourne de moi tes coups. Je me plierai à ce que tu m'imposeras.» Le roi d'Assyrie exigea d'Ezéchias, roi de Juda, 300 talents d'argent et 30 talents d'or,"  15 et Ezéchias livra tout l'argent qui se trouvait dans le Temple de Yahvé et dans les trésors du palais royal.  16 C'est alors qu'Ezéchias fit sauter le revêtement des battants et des montants des portes du sanctuaire de Yahvé, que..., roi de Juda, avait plaqués de métal, et le livra au roi d'Assyrie.

    Ce passage orrespond point par point avec le texte assyrien. Il est vraisemblable que les documents assyriens font référence à cette capitulation d’Ezéchias.

    Mais le texte biblique parle ensuite de la révolte d’Ezéchias et du siège de Jérusalem après l’épisode du versement du tribut. Sur ce second épisode, les textes assyriens sont muets. Cela s’explique aisément si, comme le rapporte le texte biblique, les armées assyriennes n’ont pas pu parvenir à faire tomber Jérusalem.

    Le livre des Rois nous décrit l’action des Assyriens sous deux formes:

            - Une tentative pour soulever le peuple contre le roi Ezéchias:

2R 18 17 De Lakish, le roi d'Assyrie envoya vers le roi Ezéchias à Jérusalem le grand échanson avec un important corps de troupes. Il monta donc à Jérusalem et, étant arrivé, il se posta près du canal de la piscine supérieure, qui est sur le chemin du champ du Foulon.  18 Il appela le roi. Le maître du palais Elyaqim fils de Hilqiyyahu, le secrétaire Shebna et le héraut Yoah fils d'Asaph sortirent à sa rencontre.  19 "Le grand échanson leur dit : «Dites à Ezéchias : Ainsi parle le grand roi, le roi d'Assyrie. Quelle est cette confiance sur laquelle tu te reposes ?"  20 Tu t'imagines que paroles en l'air valent conseil et vaillance pour faire la guerre. En qui donc mets-tu ta confiance, pour t'être révolté contre moi ?  21 Voici que tu te fies au soutien de ce roseau brisé, l'Egypte, qui pénètre et perce la main de qui s'appuie sur lui. Tel est Pharaon, roi d'Egypte, pour tous ceux qui se fient en lui.  22 Vous me direz peut-être : C'est en Yahvé, notre Dieu, que nous avons confiance, mais n'est-ce pas lui dont Ezéchias a supprimé les hauts lieux et les autels en disant aux gens de Juda et de Jérusalem : C'est devant cet autel, à Jérusalem, que vous vous prosternerez ?  23 Eh bien ! fais un pari avec Monseigneur le roi d'Assyrie : je te donnerai 2.000 chevaux si tu peux trouver des cavaliers pour les monter !  24 Comment ferais-tu reculer un seul des moindres serviteurs de mon maître ? Mais tu t'es fié à l'Egypte pour avoir chars et cavaliers !  25 "Et puis, est-ce sans la volonté de Yahvé que je suis monté contre ce lieu pour le dévaster ? C'est Yahvé qui m'a dit : Monte contre ce pays et dévaste-le !»  26 "Elyaqim, Shebna et Yoah dirent au grand échanson : «Je t'en prie, parle à tes serviteurs en araméen, car nous l'entendons, ne nous parle pas en judéen à portée des oreilles du peuple qui est sur le rempart.»  27 "Mais le grand échanson leur dit : «Est-ce à ton maître ou à toi que Monseigneur m'a envoyé dire ces choses, n'est-ce pas plutôt aux gens assis sur le rempart et condamnés à manger leurs excréments et à boire leur urine avec vous ?»  28 "Alors le grand échanson se tint debout, il cria d'une voix forte, en langue judéenne, et prononça ces mots : «Ecoutez la parole du grand roi, le roi d'Assyrie."  29 Ainsi parle le roi : Qu'Ezéchias ne vous abuse pas, car il ne pourra pas vous délivrer de ma main.  30 Qu'Ezéchias n'entretienne pas votre confiance en Yahvé en disant : Sûrement Yahvé nous délivrera, cette ville ne tombera pas entre les mains du roi d'Assyrie.  31 N'écoutez pas Ezéchias, car ainsi parle le roi d'Assyrie : Faites la paix avec moi, rendez-vous à moi et chacun de vous mangera le fruit de sa vigne et de son figuier, chacun boira l'eau de sa citerne,  32 jusqu'à ce que je vienne et que je vous emmène vers un pays comme le vôtre, un pays de froment et de moût, un pays de pain et de vignobles, un pays d'huile et de miel, pour que vous viviez et ne mouriez pas. Mais n'écoutez pas Ezéchias, car il vous abuse en disant : Yahvé nous délivrera !  33 Les dieux des nations ont-ils vraiment délivré chacun leur pays des mains du roi d'Assyrie ?  34 Où sont les dieux de Hamat et d'Arpad, où sont les dieux de Sepharvayim, de Héna et de Ivva, où sont les dieux du pays de Samarie ? Ont-ils délivré Samarie de ma main ?  35 "Parmi tous les dieux des pays, lesquels ont délivré leur pays de ma main, pour que Yahvé délivre Jérusalem ?»  36 "Ils gardèrent le silence et ne lui répondirent pas un mot, car tel était l'ordre du roi : «Vous ne lui répondrez pas.»  37 Le maître du palais Elyaqim fils de Hilqiyya, le secrétaire Shebna et le héraut Yoah fils d'Asaph vinrent auprès d'Ezéchias, les vêtements déchirés, et ils lui rapportèrent les paroles du grand échanson.

    Une analyse de ce texte révèle des données que nous avons déjà repéré:


- la révolte ouverte d’Ezéchias (20)
- la présence des Egyptiens derrière les projets de révolte de la région (21)
- une lecture assyrienne de l’opération de destruction des sanctuaires périphériques par la réforme d’Ezéchias, opération jugée blasphématoire par les Assyriens pour lesquels la conséquence est que le roi a perdu le soutien de son dieu national
- l’affirmation (25) selon laquelle c’est le dieu d’Israël lui-même qui est à l’origine de l’attaque des Assyriens. Cela peut nous surprendre, mais en fait, c’est tout à fait dans la logique de l’époque. Il n’est pas impossible que les Assyriens « pastichent » tel ou tel prophète d’Israël ayant annoncé que le Seigneur utiliserait l’Assyrien comme instrument de son châtiment.
- La tentative de retourner le peuple contre le roi, ce qui permet de penser que les Assyriens ne sont pas aussi sûrs qu’ils le prétendent de l’issue heureuse et rapide du siège de Jérusalem.

            - La deuxième tentative de séduction que rapporte le livre des Rois concerne directement le roi Ezéchias, avec des termes assez similaires:
2R 19 8 Le grand échanson s'en retourna et retrouva le roi d'Assyrie en train de combattre contre Libna. Le grand échanson avait appris en effet que le roi avait décampé de Lakish,  9 "car il avait reçu cette nouvelle au sujet de Tirhaqa, roi de Kush : «Voici qu'il est parti en guerre contre toi.» De nouveau, Sennachérib envoya des messagers à Ezéchias pour lui dire :"  10 «Vous parlerez ainsi à Ezéchias, roi de Juda : Que ton Dieu en qui tu te confies, ne t'abuse pas en disant : Jérusalem ne sera pas livrée aux mains du roi d'Assyrie !"  11 Tu as appris ce que les rois d'Assyrie ont fait à tous les pays, les vouant à l'anathème, et toi, tu serais délivré !  12 Les ont-ils délivrées les dieux des nations que mes pères ont dévastées, Gozân, Harân, Réçeph, et les Edénites qui étaient à Tell Basar ?  13 "Où sont le roi de Hamat, le roi d'Arpad, le roi de Laïr, de Sepharvayim, de Héna et de Ivva ?»

    On voit dans ce texte quel est le principal souci des Assyriens. Ils ont du mal à être partout à la fois. Dès que leurs armées se sont rassemblées pour le siège d’une ville, des troubles éclatent à l’autre bout du pays. On comprend bien pourquoi la résistance de Jérusalem les irrite en les obligeant à mobiliser d’importantes troupes qui seraient utiles ailleurs.

Le texte des Rois nous rapporte ensuite un grand oracle d’Isaïe annonçant l’échec du siège de Jérusalem, ce qui se produit finalement:

2R 19 35 Cette même nuit, l'Ange de Yahvé sortit et frappa dans le camp assyrien 185.000 hommes. Le matin, au réveil, ce n'étaient plus que des cadavres.  36 Sennachérib roi d'Assyrie leva le camp et partit. Il s'en retourna et resta à Ninive.  37 Un jour qu'il était prosterné dans le temple de Nisrok, son dieu, ses fils Adrammélek et Saréçer le frappèrent avec l'épée et se sauvèrent au pays d'Ararat. Asarhaddon, son fils, devint roi à sa place.

    Comment, avec ces données, raisonner en historien et essayer de déterminer ce qui a pu se passer ? Un point est incontestable, car confirmé par le texte biblique, les données de l’archéologie et le silence significatif des documents assyriens: Jérusalem n’a pas été prise par Sennachérib.

Les raisons de cet échec sont vraisemblablement multiples. Le texte biblique parle de l’attaque surprise d’une certain roi de Koush. Il n’est pas impossible qu’il s’agisse ici d’une contre-attaque égyptienne après la défaite d’Elteqeh. Le « Tiraqah » est connu comme étant le grand vizir d’Egypte de cette époque et probablement le véritable maître de l’Egypte alors que la dynastie pharaonique de l’époque est en pleine déliquescence.

Si les documents assyriens ne parlent pas de ce second choc avec les Egyptiens, cela peut s’expliquer si la rencontre a tourné à leur désavantage. Le livre des Rois parle d’une terrible défaite des troupes assyriennes (180000 morts) et attribue ce carnage à l’intervention libératrice du Seigneur, ce qui est une façon de répondre à la prétention de Sennachérib d’être là avec la permission du Dieu d’Israël!

Mais cette déroute des Assyriens nous est également connue par les documents égyptiens et rapportée par Hérodote (II,142). Ces textes évoquent de la même manière que le texte biblique la soudaine défaite des Assyriens. Ici, il s’agit d’une invasion du camp par des rats qui rongent les équipements de cuir. Il est aussi certain que les rats sont le vecteur de la peste. De nombreux historiens pensent aujourd’hui que la défaite des Assyriens n’est pas due à une opération militaire, mais bien à une épidémie qui a ravagé leur armée. Les Egyptiens comme les Hébreux ont vu dans cette épidémie une réelle intervention salvatrice de leurs divinités respectives.

N’ayant plus de troupes en force suffisantes, Sennachérib est obligé de lever le siège et de faire retraite vers Ninive. Si le texte des Rois signale son meurtre par ses fils, c’est bien ce qui s’est produit, mais une vingtaine d’années après la campagne palestinienne (681). Entre temps, Sennachérib a conduit une grande campagne contre Babylone et a repris la ville qui était toujours facteur de troubles.

On ignore pratiquement tout des dix dernières années du règne d’Ezéchias. Le livre des Rois rapporte que le roi est victime d’une très grave maladie qui le met en danger de mort. Bien que le récit de cette maladie nous soit fait dans le livre des Rois après le siège de Jérusalem, il est probable que la maladie eut lieu avant. Mérodak-Baladan, profitant de la nouvelle de la guérison d’Ezéchias, envoie une ambassade à Ezéchias. Ezéchias en profite pour sympathiser avec les Babyloniens et leur révèle trop d’informations stratégiques, ce qui se révélera nuisible par la suite.

2R 20 1 "En ces jours-là, Ezéchias fut atteint d'une maladie mortelle. Le prophète Isaïe, fils d'Amoç, vint lui dire : «Ainsi parle Yahvé. Mets ordre à ta maison, car tu vas mourir, tu ne vivras pas.»  2 Ezéchias se tourna vers le mur et fit cette prière à Yahvé :  3 «Ah ! Yahvé, souviens-toi, de grâce, que je me suis conduit fidèlement et en toute probité de coeur devant toi, et que j'ai fait ce qui était bien à tes yeux.» Et Ezéchias versa d'abondantes larmes."  4 Isaïe n'était pas encore sorti de la cour centrale que lui parvint la parole de Yahvé :  5 «Retourne dire à Ezéchias, chef de mon peuple : Ainsi parle Yahvé, Dieu de ton ancêtre David. J'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes. Je vais te guérir : dans trois jours, tu monteras au Temple de Yahvé."  6 "J'ajouterai quinze années à ta vie, je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d'Assyrie, je protégerai cette ville à cause de moi et de mon serviteur David.»  7 "Isaïe dit : «Prenez un pain de figues» ; on en prit un, on l'appliqua sur l'ulcère et le roi guérit."  8 "Ezéchias dit à Isaïe : «A quel signe connaîtrai-je que Yahvé va me guérir et que, dans trois jours, je monterai au Temple de Yahvé ?»  9 "Isaïe répondit : «Voici, de la part de Yahvé, le signe qu'il fera ce qu'il a dit : Veux-tu que l'ombre avance de dix degrés, ou qu'elle recule de dix degrés ?»  10 "Ezéchias dit : «C'est peu de chose pour l'ombre de gagner dix degrés ! Non ! Que plutôt l'ombre recule de dix degrés !»  11 Le prophète Isaïe invoqua Yahvé et celui-ci fit reculer l'ombre sur les degrés que le soleil avait descendus, les degrés de la chambre haute d'Achaz - dix degrés en arrière.  12 En ce temps-là, Mérodak-Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya des lettres et un présent à Ezéchias, car il avait appris sa maladie et son rétablissement.  13 Ezéchias s'en réjouit et montra aux messagers sa chambre du trésor, l'argent, l'or, les aromates, l'huile précieuse, ainsi que son arsenal et tout ce qui se trouvait dans ses magasins. Il n'y eut rien qu'Ezéchias ne leur montrât dans son palais et dans tout son domaine.  14 "Alors le prophète Isaïe vint chez le roi Ezéchias et lui demanda : «Qu'ont dit ces gens-là et d'où sont-ils venus chez toi ?» Ezéchias répondit : «Ils sont venus d'un pays lointain, de Babylone.»  15 "Isaïe reprit : «Qu'ont-ils vu dans ton palais ?» Ezéchias répondit : «Ils ont vu tout ce qu'il y a dans mon palais ; il n'y a, dans mes magasins, rien que je ne leur aie montré.»  16 "Alors Isaïe dit à Ezéchias : «Ecoute la parole de Yahvé :"  17 Des jours viennent où tout ce qui est dans ton palais, tout ce qu'ont amassé tes pères jusqu'à ce jour, sera emporté à Babylone, rien ne sera laissé, dit Yahvé.  18 "Parmi les fils issus de toi, de ceux que tu as engendrés, on en prendra pour être eunuques dans le palais du roi de Babylone.»  19 "Ezéchias dit à Isaïe : «C'est une parole favorable de Yahvé que tu annonces.» Il pensait en effet : «Pourquoi pas ? S'il y a paix et sûreté pendant ma vie !»


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