Epître aux Galates
Les communautés chrétiennes de Galatie ont été fondées par Paul lui-même (Ga 4,12-14). Ces chrétiens viennent du monde païen et ne connaissaient pas le judaïsme avant leur conversion à la foi chrétienne. Après le départ de Paul, cette communauté est visitée par des missionnaires qui cherchent à persuader les Galates de la nécessité d’adopter divers usages juifs (la circoncision, les interdits alimentaires) pour pouvoir devenir chrétiens. Paul apprend que certains Galates se sont laissés embrigader et cherche à détourner la communauté de ce qu’il considère comme une régression contraire à l’Evangile.
Ces missionnaires perturbateurs sont classiquement associés au groupe des judéo-chrétiens dans la ligne conservatrice de Jacques de Jérusalem. Pour eux, devenir chrétien implique de devenir également juif et d’adopter l’intégralité des pratiques de la Loi. Il est possible aussi que l’épître vise un autre type de prédicateurs, apparentés cette fois aux courants gnostiques, mais cette hypothèse se heurte à bien des difficultés.
Selon Ga 4,13, il est difficile de
savoir si Paul s’est rendu une ou deux fois en Galatie avant d’écrire cette lettre. Les auteurs anciens considéraient
que cette lettre avait été écrite par Paul lors de
sa captivité à Rome (d’où son impossibilité
de se rendre en Galatie…). Les liens avec Romains et 2Corinthiens invitent
à y voir une rédaction plus précoce, peut-être
dans la fourchette 55-57. Pour certains commentaires,
on peut même remonter à 50-52 (hypothèse du double
passage de Paul en sud-Galatie), ce qui ferait de cette épître
un des plus anciens textes de Paul, pratiquement contemporain de 1Th.
I- Préambule
II- Paul défend sa prédication (1,10-2,21)
III- Considérations théologiques (3,1-5,12)
IV- Recommandations éthiques (5,13-6,10)
V- Conclusion
La lettre est pour Paul l'occasion d'approfondir le sens de son ministère d'apôtre. Sa conversion résulte d'une rencontre avec le Christ ressuscité et le fait porteur d'une vérité sur laquelle il ne transigera jamais. Sa position vis à vis de la Loi est assez analogue dans cette lettre à celle qu'il développe dans l'épître aux Romains. Nul ne peut être justifié par les oeuvres de la Loi: seule la foi (la confiance) en Jésus mort et ressuscité avec le don de l'Esprit qui l'accompagne peut régénérer l'homme et en faire une créature nouvelle.
Pour Paul, avec la révélation de Dieu en Jésus-Christ, l'humanité est entrée dans une nouvelle ère. Se pose alors la question du devenir de la Loi qui, incapable de justifier, ne peut qu'entraîner le malheur de ceux qui sont sous son emprise. Pour préciser cela, Paul distingue les notions de promesse, de Loi et d'Ecriture.
Paul développe aussi le thème
de l'opposition entre la chair et l'Esprit,
d'une manière analogue à l'opposition homme - Dieu. Il s'agit
dans un premier temps de forces qui s'opposent et vont déterminer
l'orientation profonde de la vie d'un individu: soit il est sous le régime
de la chair, soit sous celui de l'Esprit. La chair correspond au statut
présent de ce monde, alors que l'Esprit est lié à
la nouvelle création dans une perspective
eschatologique. Les Galates se trouvent pris en tenaille entre ces forces
contraires: par leur baptême, ils vivent désormais sous le
régime de l'Esprit, mais certains veulent, en adoptant les usages
du judaïsme, revenir sous le régime de la chair. Pour Paul,
un tel mouvement est une régression pratiquement inconcevable.
Un texte représentatif: l'incident d'Antioche (2,11-21)
Ga 2,11 Mais quand Céphas vint à Antioche,
je lui résistai en face, parce qu'il s'était donné
tort.
12 En effet, avant l'arrivée de certaines gens
de l'entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens ;
mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se
tenir à l'écart, par peur des circoncis. 13 Et les autres
Juifs l'imitèrent dans sa dissimulation, au point d'entraîner
Barnabé lui-même à dissimuler avec eux.
14 Mais quand je vis qu'ils ne marchaient pas droit
selon la vérité de l'Évangile, je dis à Céphas
devant tout le monde : " Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens,
et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à
judaïser ? 15 " Nous sommes, nous, des Juifs de naissance et non de
ces pécheurs de païens ; 16 et cependant, sachant que l'homme
n'est pas justifié par la pratique de la Loi, mais seulement par
la foi en Jésus Christ, nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus,
afin d'obtenir la justification par la foi au Christ et non par la pratique
de la Loi, puisque par la pratique de la Loi personne ne sera justifié.
17 Or si, recherchant notre justification dans le Christ, il s'est trouvé
que nous sommes des pécheurs comme les autres, serait-ce que le
Christ est au service du péché ? Certes non ! 18 Car en relevant
ce que j'ai abattu, je me convaincs moi-même de transgression. 19
En effet, par la Loi je suis mort à la Loi afin de vivre à
Dieu : je suis crucifié avec le Christ ; 20 et ce n'est plus moi
qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la
chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est
livré pour moi. 21 Je n'annule pas le don de Dieu : car si la justice
vient de la Loi, c'est donc que le Christ est mort pour rien. "
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