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La période grecque

[Alexandre]-[Les diadoques]-[Koilé-Syrie]
[Oniades et Tobiades]-[Héliodore]-[Jason]-[Ménélas]-[Antiochos IV]
[Persécution de 168]-[Akra]-[Assidéens]-[Révolte]-[Dédicace]
[La mort de Judas Maccabée]-[Jonathan]-[Simon]
[Les Asmonéens]-[Jean Hyrkan]-[Pharisiens et Sadducéens]
[Alexandre Jannée]-[Salomé Alexandra]-[La victoire de Rome]

 

puceAlexandre et la conquête de l'Orient

En -330, le roi de Macédoine Alexandre le Grand achève sa conquête de l'Orient. Il triomphe du roi des Perses Darius III et coalise sous une même autorité le plus grand empire que l'Antiquité ait jusqu'alors connu. Son empire, outre la Grèce, regroupe l'Egypte, le pays de Canaan et toute la Mésopotamie jusqu'aux rives de l'Indus.

La conquête d'Alexandre n'est pas qu'une opération militaire. On peut à proprement parler d'une conquête culturelle. Avec Alexandre, c'est le monde de la culture grecque qui fait irruption dans l'ancien Orient: philosophie, mathématiques, poésie... sans oublier la langue. Le grec va devenir la langue commune de tout l'Orient, nécessaire pour commercer ou entrer en relation avec l'administration. La cité grecque va devenir le modèle des villes nouvelles, dont la plus célèbre sera bientôt la fameuse Alexandrie d'Egypte. Même les anciennes cités se mettent au goût du jour et se construisent gymnases, théâtres et acropoles. Ce mouvement culturel est connu sous le nom d'hellénisation.

puceLa mort d'Alexandre et le partage de son empire

Tout semblait bien parti pour durer, mais Alexandre décède à 33 ans le 23 Juin 323. Il meurt jeune et surtout sans héritier évident (un enfant encore à naître et un demi-frère psychologiquement fragile). Tant et si bien que ce sont ses officiers qui vont se partager son empire. Deux d'entre-eux vont se partager l'Europe et deux autres l'ancien Orient. Ces quatre successeurs d'Alexandre sont connus sous le nom de diadoques (du terme grec qui veut dire "héritier").
En ce qui concerne l'histoire biblique, deux diadoques vont fonder des dynasties durables:
 

Les LAGIDES

Les SELEUCIDES

Territoire lors du partage: Egypte + Canaan

Territoire lors du partage: Mésopotamie

Les principaux rois

  • Ptolémée I Sôter (dcd 285)
  • Ptolémée II Philadelphe (285-246)
  • Ptolémée III Evergète (246-221)
  • Ptolémée IV Philopator (221-203)
  • Ptolémée V Epiphane (203-180)
  • Ptolémée VI Philométor (180-145)
  • Ptolémée VII Physkon (145-116)
En pratique, tous les rois s'appellent Ptolémée et seul leur surnom permet de les différencier.

Les principaux rois

  • Séleucos I Nikator (dcd 280)
  • Antiochos I Sôter (280-261)
  • Antiochos II Théos (261-247)
  • Séleucos II Kallinikos (247-226)
  • Séleucos III Sôter (226-223)
  • Antiochos III Megas (223-187)
  • Séleucos IV Philopator (187-175)
  • Antiochos IV Epiphane (175-164/163)
  • Antiochos V Eupator (164/163-162)
  • Démétrios I Sôter (162-150)
  • Alexandre Balas (152-145)
  • Antiochos VI Théos (145-141)
  • Antiochos VII Evergète Sidétès (138-129)
  • Démétrios II Nikator (129-125)
  • Antiochos VIII Philométor (125-96)
  • Antiochos IX Philopator (115-95)

puceLe sort de la Koilé-Syrie

La Judée et la Samarie, autrefois province de l'empire perse appartenant à la Transeuphratène deviennent
une province de l'empire lagide désormais appelée la Koilé-Syrie (la Syrie de l'intérieur). L'histoire va se répéter. De même que le pays de Canaan avait été autrefois objet de litiges entre l'Egypte et les empires mésopotamiens, la Koilé-Syrie va devenir une terre convoitée aussi bien par les Lagides que par les Séleucides. Plusieurs générations de rois vont se battre pour dominer cette province.

En 200, le séleucide Antiochos III Mégas (le Grand) reporte une victoire décisive sur les Lagides à Panion (aujourd'hui Banias, aux sources du Jourdain). La Koilé-Syrie passe alors durablement dans le camp séleucide.
 

A Jérusalem, le pouvoir est essentiellement entre les mains du Grand-Prêtre ONIAS III (dont les alliés formeront le groupe des Oniades). Onias III a ouvert le Temple de Jérusalem à un homme d'affaires originaire d'Ammon (un royaume voisin d'Israël). Ce financier, nommé Hyrkan, possède une succursale de sa maison de banque et de commerce au coeur même des bâtiments du Temple et il contribue à sa richesse. D'importantes sommes d'argent sont ainsi mises à la disposition d'Onias.

Mais, pour son malheur, Hyrkan a sept demi-frères (descendants d'un certain Tobias, si bien que le parti de ces demi-frères d'Hyrkan formera le groupe des Tobiades). Ceux-ci se sont brouillés avec lui et ont rejoint le pouvoir séleucide. Lorsque la Koilé-Syrie tombe aux mains des Séleucides, ceux-ci pourront compter sur le soutien des Tobiades, alors que Hyrkan reste dans le camp lagide, car son siège social est en Ammon, toujours sous le contrôle des Ptolémées.

Le témoignage du deuxième livre des Maccabées:

2 M 3,11 une somme appartenant à Hyrkan, fils de Tobie, personnage occupant une très haute situation, et qu'à l'encontre de ce que colportait faussement l'impie Simon, il y avait en tout 400 talents d'argent et 200 talents d'or

puceL'affaire Héliodore

Grâce à l'appui d'Onias, Hyrkan réussit à faire expulser de Jérusalem ses demi-frères. Ceux-ci préparent avec soin leur riposte. Ils ont pour allié un certain Simon qui est administrateur d'une partie du Temple. Comme le nouveau souverain séleucide a de gros besoins d'argent pour payer un fort tribu aux Romains qui l'avaient battu à plate couture quelques temps auparavant, Simon va lui suggérer de faire une descente au temple et de rafler l'argent d'Hyrkan mis en dépôt auprès d'Onias. Le roi Séleucos IV envoie donc son ministre des finances Héliodore pour aller chercher le magot dans le Temple.

Sa prétention à entrer dans le Temple entraîne une véritable émeute dans la ville. 2M 3 décrit avec forces détails cet épisode. Sans que l'on puisse savoir exactement ce qui s'est passé (2M décrit une intervention miraculeuse, mais beaucoup d'historiens n'y voient qu'un coup de force des partisans des Lagides), Héliodore est roué de coups et empêché d'entrer. Onias devra en personne aller présenter ses excuses au roi pour le mauvais traitement infligé à son ministre.

puceAntiochos IV Epiphane (175-164/163)

En 175, Antiochos IV modestement surnommé "Epiphane", c'est à dire "manifestation de Dieu" prend le pouvoir sur l'empire séleucide. C'est vers lui que vont se tourner les Tobiades. Antiochos IV est en proie à un double souci: d'une part, payer aux Romains de fortes sommes d'argent afin de s'acquitter de son tribu de vassalité, d'autre part, assurer la cohérence d'un empire regroupant de multiples langues et peuples. Pour ce faire, il va chercher à l'homogénéiser sous la bannière de la culture grecque.

puceLa prise de pouvoir de Jason
 

Les Tobiades vont piloter en sous-main un frère d'Onias, un certain Jésus qui a pris le nom grec de Jason et qui est un partisan de l'hellénisation à outrance. Jason va revendiquer le souverain pontificat et plaider sa cause auprès d'Antiochos. Comme Antiochos doit toujours payer le tribu à Rome, Jason a l'habileté de lui proposer une forte somme en échange de sa nomination. Gagnant tant du coté de son programme d'hellénisation que du coté finances, Antiochos dépose Onias III et nomme Jason Grand Prêtre. Pour la première fois, mais pas la dernière, le souverain pontificat n'est plus dans la suite d'une succession régulière mais devient une charge qui s'achète. 

Jason va mettre en oeuvre son programme d'hellénisation à Jérusalem, notamment la construction d'un gymnase, ce qui va scandaliser une partie de la population car les athlètes s'y entraînent entièrement nus. Comme dans ces conditions fort dévêtues la circoncision devient un signe extérieur gênant, d'habiles chirurgiens proposent des interventions pour en dissimuler la trace. Le Grand Prêtre Jason ira jusqu'à utiliser l'argent du Temple pour offrir des sacrifices aux idoles étrangères. 

Le témoignage du deuxième livre des Maccabées

2 M 4,9-14 Il (Jason) s'engageait en outre à payer 150 autres talents si le roi lui donnait pouvoir d'établir un gymnase et une éphébie et de dresser la liste des Antiochéens de Jérusalem. Le roi ayant consenti, Jason, dès qu'il eut saisi le pouvoir, amena ses frères de race à la pratique de la vie grecque. Il supprima les franchises que les rois, par philanthropie, avaient accordées aux Juifs grâce à l'entremise de Jean, père de cet Eupolème qui sera envoyé en ambassade pour conclure un traité d'amitié et d'alliance avec les Romains; détruisant les institutions légitimes, Jason inaugura des usages contraires à la Loi. Il se fit en effet un plaisir de fonder un gymnase au pied même de l'acropole, et il conduisit les meilleurs des éphèbes sous le pétase. L'hellénisme atteignit une telle vigueur et la mode étrangère un tel degré, par suite de l'excessive perversité de Jason impie et pas du tout pontife, que les prêtres ne montraient plus aucun zèle pour le service de l'autel, mais que, méprisant le Temple et négligeant les sacrifices, ils se hâtaient de prendre part, dès l'appel du gong, à la distribution, prohibée par la Loi, de l'huile dans la palestre

puceLe règne de Ménélas

Trouvant que l'hellénisation ne progresse pas assez vite, Antiochos va commencer à suspecter Jason qui reste quand même le frère du Grand Prêtre légitime Onias. Un homme de paille des Tobiades, un certain Ménélas, frère du Simon de l'affaire Héliodore, va poser sa candidature au souverain pontificat en offrant une somme encore plus alléchante. Il obtient sa nomination en 170 et Jason est à son tour déposé. Notons que pour la première fois, le sacerdoce passe à un homme étranger à la lignée de Sadoq.
 

Tout cela indique où en était tombé la hiérarchie sacerdotale à Jérusalem! Jason ne va pas se décourager et il va devenir chef de bande. Avec ses troupes, il attaque Ménélas à Jérusalem et le contraint à s'enfermer dans l'acropole sous la protection des troupes royales. Cet incident va décider Antiochos à intervenir directement dans les affaires d'Israël et à prendre en main personnellement l'hellénisation de la Judée.

Le témoignage du deuxième livre des Maccabées

2 M 4,23-27 Au bout de trois ans, Jason envoya Ménélas, frère du Simon signalé plus haut, porter l'argent au roi et mener à bien les négociations des affaires urgentes. Ménélas, s'étant fait recommander au roi et l'ayant abordé avec les manières d'un personnage de marque, se fit attribuer le pontificat à lui-même, offrant 300 talents d'argent de plus que n'avait offert Jason. Muni des lettres royales d'investiture, il s'en revint, n'ayant rien qui fût digne de la grand-prêtrise mais n'apportant que les fureurs d'un tyran cruel et les rages d'une bête sauvage. Ainsi Jason qui avait supplanté son propre frère, supplanté à son tour par un autre, dut gagner en fugitif l'Ammanitide. Quant à Ménélas, il possédait sans doute le pouvoir, mais il ne versait rien au roi des sommes qu'il lui avait promises.
 

puceLa persécution de 168-166

Antiochos va agir avec brutalité, en commençant par l'élimination du parti pro-Lagides et des partisans de Jason. Pour récupérer l'argent que Ménélas n'avait pu payer, il pille le Temple et emporte tous les objets de valeur. Puis il confie la suite de l'hellénisation forcés à son lieutenant Appolonios. Celui-ci va poursuivre les massacres et démolir l'enceinte de Jérusalem que Néhémie avait fait rebâtir à grand-peine. Pour s'assurer du calme de la capitale, il fait bâtir une grande forteresse, nommée l'Akra avec les pierres du rempart, et il la garnit d'une forte garnison royale.
L'hellénisation prend ensuite une autre tournure avec l'interdiction pure et simple du culte yahviste. Les livres de la Torah sont saisis et brûlés. La circoncision devient passible de peine de mort, ainsi que la pratique du shabbat. Enfin, pour couronner le tout, on érige dans le Temple une statue de Zeus Olympien (15 décembre 167). Le temple samaritain concurrent du Garizim subira le même sort et sera également consacré à Zeus. Ordre est donné à tous les habitants d'Israël de procéder à des sacrifices païens en faveur d'Antiochos.

Le premier livre des Maccabées rapporte que bon nombre d'Israélites ont fait bon accueil à ces mesures. Certains vont être victimes des persécutions, comme nous les rapporte aussi les livres des Maccabées. Enfin, d'autres vont fuir les villes où la pression de l'occupant est trop forte, pour se réfugier dans les steppes et pouvoir y continuer un mode de vie en accord avec leur foi. Ce groupe de fidèles va prendre le nom d'Assidéens, de l'hébreu Hassidim, les Pieux. Les Assidéens se contentent d'une résistance passive, fuyant le contact avec les zones sous contrôle païen. C'est sans doute dans ces milieux qu'il faut rechercher l'origine des Esséniens de la communauté de Qumrân, dont on retrouvera dans leurs documents à la fois le désir de fuir tout contact avec les impurs et la non-reconnaissance du sacerdoce de Jérusalem du fait de la rupture de la filiation sadocite. C'est également à cette époque qu'il convient de placer la rédaction des principales parties de livre de Daniel. Le livre de Daniel semble issu de milieux Assidéens qui ne se font pas beaucoup d'illusions sur les chances d'une rébellion armée.

puceLe début de la révolte (166)

A coté des Assidéens qui font de la résistance passive va se lever un autre groupe décidé à l'affrontement armé. Cette révolte va se focaliser autour de la famille d'un chef de clan de Modin, un nommé Matathias, dont le fils Judas surnommé Maccabée, (c'est à dire "le marteau" car il tombait comme le marteau sur ses ennemis) va donner le nom à toute la lignée, les Maccabées.

En 166, lors d'une tournée d'inspection d'un fonctionnaire royal chargé de s'assurer du bon déroulement du culte païen, Matathias se rebelle et tue le fonctionnaire, ainsi qu'un de son village qui avait sacrifié aux idoles. Pour éviter d'immédiates représailles, il prend le maquis avec ses cinq fils. Décédé peu après, c'est Judas Maccabée qui va prendre la tête de ce mouvement de rébellion qui va rapidement attirer à lui un certain nombre de mécontents désireux d'en découdre avec l'adversaire.

Averti de ce coup de force, Apollonios mène au combat une petite force de représailles. Hélas pour lui, il sous-estime complètement l'adversité et sa troupe est décimée. Lui-même trouvera la mort dans le combat. Ce n'est encore qu'une échauffourée, mais elle a permis à Judas d'armer ses troupes en dépouillant ses ennemis.

puceLes premières victoires et la reconsécration du Temple (164)

En 165 et 164, des affrontements plus importants vont se dérouler contre des forces importantes chargées de mater la rébellion judéenne. Elles tournent en faveur de Judas, d'autant plus facilement qu'Antiochos est occupé à une expédition sur sa lointaine frontière orientale. Comme commence à courir le bruit de sa mort, son général Lysias préfère suspendre les opérations en Judée. Pour ne pas laisser sur ses arrières un pays non pacifié, il conclut un pacte avec Judas accordant aux Juifs la liberté religieuse et le respect de leur mode de vie. Le Grand Prêtre Ménélas, qui a senti de quel coté le vent soufflait intervient en faveur de Judas et sert d'intermédiaire pour cet accord. Judas profite de cette trêve pour établir un lien diplomatique avec Rome, de qui il obtiendra un soutien de principe, mais bien sûr aucune aide concrète.

Profitant de la trêve, les Assidéens peuvent revenir à Jérusalem, et Judas entreprend le nettoyage du temple. L'idole est démolie et l'autel reconsacré le 25 décembre 164. Cette nouvelle dédicace du Temple est encore célébrée aujourd'hui lors de la fête d'Hanukkah. Mais à coté du Temple, la forteresse de l'Akra demeure remplie de troupes fidèles aux Séleucides. Judas profite du calme pour mener des opérations anti-hellénisme en Galilée et en Transjordanie.
 

puceJudas Maccabée sauvé par le gong

Après la mort d'Antiochos en 163, Lysias prend le contrôle du royaume contre la volonté du testament du roi, en tant que régent du jeune Antiochos V, alors que le roi avait désigne Philippe comme régent. A la nouvelle de la mort du tyran, Judas Maccabée a entrepris le siège de l'Akra. Les défenseurs appellent au secours et Lysias décide de reprendre une campagne contre l'agitation en Judée. Il attaque en force, avec l'arme absolue de l'époque, les éléphants de guerre. La confrontation avec les troupes de Judas tourne à la déroute pour les rebelles. Eléazar, un jeune frère de Judas, trouve la mort en essayant de tuer un éléphant sur lequel il croit à tort que se trouve le jeune roi. Les forces de Judas sont totalement mises en déroute.

Heureusement pour eux, le régent évincé, Philippe, a pris les armes et monte contre l'usurpateur Lysias. Celui-ci doit donc lever le siège et foncer à la rencontre de son rival. Encore une fois, il signe une trêve avec Judas pour ne pas laisser sur son arrière garde un pays instable. Comme il faut bien que quelqu'un paye pour tous ces troubles, c'est le Grand Prêtre Ménélas qui fait les frais de l'opération et qui est exécuté. Ceci permet de choisir un nouveau Grand Prêtre, toujours fervent de l'hellénisme, mais à nouveau de lignée sacerdotale, un certain Alcime.

puceLa mort de Judas (160)

La confrontation entre Lysias et Philippe se termina mal pour les deux. Le jeune roi Antiochos a été assassiné par Lysias lui-même pour mettre sur le trône Démétrios I. C'est vers Démétrios que se tournent les partisans d'Alcime pour que celui-ci l'installe comme Grand Prêtre. Cette mission est confiée au général Bacchidès en 161.

C'est donc la reprise des affrontements. Mais Judas est en difficulté car il est lâché par beaucoup d'Assidéens qui reconnaissent la légitimité d'Alcime du fait de son lignage. Cette trahison ne profitera pas à ces Assidéens que Bacchidès fera massacrer en masse. Après une dernière victoire contre Nicanor, l'éléphantarque du roi, Bacchidès revient à la charge avec des troupes imposantes. En avril 160, Judas est abandonné par la plupart de ses soldats. Il se lance dans une dernière charge dont bien sûr il ne reviendra pas.

puceLes opérations de Jonathan

Il reste heureusement pour le parti de la rébellion trois frères de Judas. C'est Jonathan qui prend le commandement après la mort de Judas. Les rebelles n'ont plus les moyens de mener une guerre de contact. La rébellion se replie vers le désert et se contente pendant quelques années de modestes opérations de guérilla aux frontières. C'est plus ou moins la paix en Israël. Progressivement, les forces maccabéennes reprennent pied dans le pays, favorisées par les graves dissensions qui divisent le parti helléniste.

Jonathan, surnommé à juste titre le rusé, ou le dissimulateur, va admirablement se servir des événements pour faire progresser sa cause. En 153, un certain Alexandre Balas, qui se dit fils d'Antiochos Epiphane, conteste la royauté de Démétrios. Il débarque avec ses troupes à Ptolémaïs (St Jean d'Acre). Pour éviter que Jonathan et ses forces ne rejoignent Balas, Démétrios lui propose de le reconnaître comme gouverneur de Judée! Jonathan accepte l'offre et entre à Jérusalem comme lieutenant du roi. En fait, il travaille pour sa propre cause et il use de cette toute nouvelle autorité pour refortifier Jérusalem et isoler la fameuse forteresse d'Akra toujours aux mains des Séleucides.

Alexandre Balas ne va pas rester inactif. Il fait aussi une offre à Jonathan, beaucoup plus alléchante que celle de Démétrios. Il propose de nommer Jonathan ami du roi, de le ceindre de la couronne et de l'établir Grand Prêtre. Jonathan change immédiatement de camp et c'est en tant que Grand Prêtre qu'il officie en 152. Il a choisi le bon camp, car Balas triomphe de Démétrios et prend le pouvoir royal en 150.

Pendant la guerre qui va encore une fois opposer les Lagides aux Séleucides, Jonathan reste prudemment neutre et soutient alternativement l'un et l'autre camp. Il en profite surtout pour étendre le territoire sous sa juridiction. Il en fera cependant un peu trop, et il sera assassiné après trahison en 143 par Tryphon, le Séleucide régnant alors.
 

puceLa victoire de Simon

La direction des opérations militaires et diplomatiques maccabéennes passe alors à Simon, un des deux frères survivant. Comme Jonathan, Simon va jouer habillement la carte des querelles de succession Séleucides et récupérer tous les privilèges dont jouissait Jonathan. En 141, il réussit même à se défaire de l'Akra. En 140, on organise une célébration pour donner à Simon une certaine légitimité en tant que Grand Prêtre alors qu'il n'est pas de lignée sadocite.

Bien qu'il ne porte pas le titre de roi, Simon obtient de fait la quasi-indépendance d'Israël. Il est tout à la fois Grand Prêtre et chef politique. Il va rétablir une succession héréditaire dans ces deux domaines, fondant ainsi la dynastie des Asmonéens.
 

puceLes Asmonéens au pouvoir

Le règne de Simon va se dérouler dans un climat de paix et de joie après ces années d'oppressions. Cependant, Simon va connaître une fin violente assassiné par un opposant en 134. Cette tentative de coup d'état échouera et le fils de Simon, Jean Hyrkan, va lui succéder à la tête d'Israël. C'est vers cette époque que s'achève les récit des livres des Maccabées et seul l'historien F. Josèphe couvre la période suivante.

Le règne de Jean Hyrkan sera prospère, pratiquement totalement indépendant des Séleucides. Il va en profiter pour étendre son territoire, en imposant de force la conversion au yahvisme des populations conquises. Ce sera le cas de l'Idumée, le territoire situé au sud de la Judée. Du fait de cette conversion forcée, les Iduméens seront dès lors considérés comme faisant partie de la nation juive. Nous retrouverons ultérieurement un Iduméen célèbre qui jouera un rôle dans les affaires d'Israël, à savoir Hérode le Grand.

C'est également vers cette époque que vont se constituer, ou tout du moins affirmer leurs différences, les deux grands partis religieux que nous retrouverons dans le Nouveau Testament, les Pharisiens et les Sadducéens. Les Pharisiens, dont le nom pourrait bien signifier les "séparés", semblent être la continuation du groupe jusqu'alors informel des Assidéens, dont on sait qu'ils étaient regroupés en congrégations. Les Pharisiens vont en tout cas manifester les mêmes préoccupations que les Assidéens de la période maccabéenne, soucieux d'une stricte observance de la loi, désireux de se préserver de la souillure engendrée par le contact avec les tenants de l'hellénisme, et finalement peu enclins à agir dans le domaine politique, du moins au début. Leur organisation est laïque, indépendante du clergé attaché au Temple, mais centrée sur des scribes commentateurs de la loi, un peu dans la ligne d'Esdras.

A l'inverse, les Sadducéens, dont le nom vient probablement du prêtre Sadoq, se considèrent comme les détenteurs du sacerdoce légitime. Ils recrutent essentiellement dans la classe sacerdotale, et possèdent de nombreux alliés politiques dans l'aristocratie. Dans l'ensemble, ils sont plutôt ouverts à l'hellénisme, et dès le début, du fait du rôle politique affirmé du Grand Prêtre, ils jouent un rôle dans le vie politique du pays. En fait, on ne connaît les Sadducéens pratiquement que par de la littérature d'origine pharisienne, et cette dernière ne fait pas d'eux un portrait très élogieux, allant jusqu'à les accuser d'impiété. Si on considère le comportement des Grands Prêtres de la période grecque, il est possible que cette accusation ne soit pas sans fondements.

Quoi qu'il en soit, Jean Hyrkan va adhérer au parti sadducéen et concevoir une vive hostilité contre les Pharisiens, qui lui reprochent entre autre de réunir en un seul homme la fonction de chef politique et militaire et de Grand Prêtre. Par ailleurs, Hyrkan va se comporter comme la plupart des souverains hellénisés de son temps, recourant notamment au recrutement de troupes mercenaires étrangères pour mener ses opérations de colonisation. Selon Fl. Josèphe, Hyrkan alla jusqu'à piller le tombeau de David pour payer ses mercenaires. Cette anecdote montre le changement qui s'est opéré en une seule génération depuis Judas Maccabée. Lorsque Jean Hyrkan meurt en 104, la Judée est à l'apogée de sa puissance depuis le retour d'exil et possède de fait l'indépendance d'un royaume autonome.

Après le règne d'Aristobule I, surnommé le philhelène (l'ami de l'hellénisme, ce qui veut tout dire), arrive le règne d'Alexandre Jannée (103-76) qui va officiellement prendre le titre de roi, rompant ainsi définitivement avec l'idée que la royauté en Juda ne puisse appartenir qu'à la lignée de David. Cette usurpation du pouvoir royal va exacerber l'hostilité des Pharisiens qui vont provoquer un esclandre lors d'une cérémonie au Temple que préside Alexandre Jannée en tant que Grand Prêtre. Le roi répondra par la manière forte et des soulèvements se produiront un peu partout dans le pays, stimulés par les Pharisiens qui sont très aimés dans le peuple. La répression sera terrible, Josèphe parle d'environ 50000 juifs massacrés par les troupes mercenaires d'Alexandre.

Les Pharisiens vont alors appeler à leur secours le Séleucide régnant alors, Démétrios III. En 88, celui-ci arrive avec des troupes et il écrase les forces d'Alexandre Jannée, forçant ce dernier à fuir dans les montagnes. Mais alors le parti Pharisien craignit que Démétrios ne reproduise le comportement d'Antiochos Epiphane, et ils le trahirent après que celui-ci eut battu Alexandre Jannée. Démétrios dut repartir face à un pays dont tous les éléments lui étaient désormais hostiles. Sitôt le Séleucide hors de vue, Alexandre Jannée sortit de sa tanière et fit payer cher aux Pharisiens et à leurs alliés leur tentative de rébellion. A titre d'exemple, il en fit crucifier 800 à Jérusalem et fit massacrer leurs familles devant eux.

Alexandre sombra dans l'alcoolisme et mourut de ce qui pourrait bien être une cirrhose. Dans son testament, il confia la royauté à sa femme, Salomé Alexandra, avec un surprenant revirement. En effet, il lui recommandait de faire la paix avec les Pharisiens et d'associer ces derniers à la vie politique du pays. Salomé Alexandra (76-67) respecta ce désir et son règne fut une période de prospérité pour les Pharisiens qui en pratique assurèrent le gouvernement du pays. C'est alors que les Sadducéens perdirent la majorité au conseil du Sanhédrin.

A Alexandra succédera son fils cadet Aristobule II qui avait réussi à évincer son frère aîné Hyrkan. Mais Hyrkan a un ami puissant, l'Iduméen Antipater, allié du roi nabatéen Arétas. Ces deux rois vont lever des troupes et marcher contre Aristobule pour placer Hyrkan sur le trône. Lors du siège de Jérusalem en 65 par les troupes nabatéennes, le sanhédrin se divisa, les Pharisiens prenant le parti d'Hyrkan, et les Sadducéens celui d'Aristobule. La situation semblait sans issue et le siège parti pour durer, quand un élément extérieur vint bouleverser la donne.

puceIntervention romaine

En effet, cette querelle interne servait magnifiquement les affaires des Romains dont les armées de Pompée se trouvent alors en Syrie. Pompée délègue un légat pour arbitrer la querelle entre les deux frères. Ce légat se prononce alors en faveur d'Aristobule et ordonne aux troupes nabatéennes de lever le siège, ce à quoi elles doivent bien obéir, ne pouvant évidemment affronter les légions romaines.

Antipater revient à la charge et plaide en faveur d'Hyrkan auprès de Pompée lui-même. En 63, celui-ci ordonne un arbitrage entre les deux frères. Pressentant que l'issue de cet arbitrage risque de lui être défavorable, Aristobule entre en conflit avec Pompée et après quelques vicissitudes s'enferme dans Jérusalem aussitôt assiégée par Pompée. A l'automne 63, la ville est prise par les troupes romaines. Il s'en suit un massacre, dont il semble bien que la responsabilité incombe davantage aux Pharisiens amis d'Hyrkan qu'aux troupes romaines.

En pratique, cette victoire de Pompée marque la fin de la période grecque. La dynastie asmonéenne va encore régner quelques temps. D'abord Hyrkan, qui est intronisé roi et Grand Prêtre à la place de son frère.

Lors du conflit qui opposa César à Pompée, Aristobule crut pouvoir prendre sa revanche, mais il fut assassiné ainsi que son fils par les partisans d'Hyrkan. Soutenant d'abord Pompée, l'Iduméen Antipater sentit rapidement de quel coté soufflait le vent et il prit fait et cause pour César. Dès lors, Antipater ne va cesser de montre en puissance, et comme les Iduméens étaient assimilés à la nation juive, cette dernière en profita pour avoir un statut privilégié auprès des Romains. Antipater en profite pour placer ses fils gouverneurs, notamment le jeune Hérode qui se retrouve à 15 ans gouverneur de Galilée. Après la mort de son père en 43, Hérode va bénéficier à son tour du soutien des Romains. Il entrera en conflit avec le dernier Asmonéen Antigone. En 37, Hérode entre victorieux à Jérusalem. On est à l'aube de l'ère néotestamentaire.

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